Forêt des Ondes est une série d’installations sonores et un collectage de fréquences radio VLF.

En utilisant des arbres comme antennes (la sève assurant une conduction électrique raccordée à la terre), le dispositif capte et rend audible des phénomènes électromagnétiques qui évoluent en fonction de l’écologie du lieu : évènements électromagnétiques dans la magnétosphère, modulés par le jour et la nuit, la nature de l’arbre, le climat local et l’influence des infrastructures humaines.

Forêt des Ondes s’inscrit sur un temps long, projetant plusieurs occurrences dans différents lieux (la prochaine étape est prévue en 2025 à la pointe de Moisie, au Québec). Il s’accompagne d’un travail de documentation et de médiation consacré à l’écologie électromagnétique.

Les éléments présentés dans cette page documentent Forêt des Ondes #1. L'installation ouverte au public les 5, 6 et 7 avril 2024 dans le cadre de la Biennale d'Aix-en-Provence est l'aboutissement d'une résidence de recherche menée au Tholonet du 11 mars au 5 avril 2024, accueillie par Paysage Endormi avec le soutien de Lab Gamerz.

→ L'arbre utilisé comme antenne : un pin d'Alep du Domaine Saint-Joseph.
La sève assure la conductivité électrique, une vis de 4 cm permet de traverser le cambium pour atteindre l'aubier et la sève, la perforation cicatrisera en quelques semaines une fois la vis retirée.
Le comportement de l'antenne dépend de l'état de l'arbre, durant la dormance en hiver ou en cas de sécheresse et de stress hydrique, la captation radiophonique en serait affectée.
L'antenne est un dipôle raccordé d'un côté à l'arbre et de l'autre à la terre. Sans cette liaison à la terre, l'énergie du récepteur déclenche une boucle de feedback.

 

→ Le module d'écoute : l'électronique est adaptée du récepteur conçu par Marco Picinelli.
Le chevalet construit en bois de pin est un clin d'œil aux peintres qui ont fréquentés le Domaine, il a été réalisé au Lab Gamerz.

 

→ Situation du point de captation, depuis le Domaine Saint-Joseph au Tholonet (carte de la famille Aubrun).

 

→ Les ondes VLF (Very Long Frequencies) désignent la bande des radiofréquences comprises entre 3 et 30 kHz.
Ces fréquences, dont les longueurs d’ondes vont de 100 à 10 kilomètres, ne présentent aujourd’hui qu’un intérêt limité pour les usages technologiques industriels, à l’exception de certains systèmes de communication avec les sous-marins ou en spéléologie, qui profitent de la capacité de l’onde à pénétrer dans l’eau ou le sol.

 

→ Les ondes VLF véhiculent des phénomènes de "radio naturelle", liés au rayonnement solaire et au champ électromagnétique terrestre. Les sons entendus forment une composition aléatoire à partir de différents éléments, en particulier :

• Les signaux radio-atmosphériques : particules émises par les vents solaires ou l'activité électrique du globe, percutant la ionosphère. Les craquements et crépitements d'intensités variables sont appelés "sferics". Plus rarement on peut également entendre des "whistlers", notes flutées et descendantes, générées par les orages aux latitudes équivalentes dans l'hémisphère sud, ayant voyagé jusqu'à nous le long du champ électromagnétique terrestre. À Aix-en-Provence le champ magnétique terrestre nous "branche" sur l'activité orageuse à l'ouest de l'Afrique du sud, dans l'océan Atlantique. On peut entendre quelques whistlers (relativement faibles) dans la Piste n°2.

• Les interférences électriques de l'environnement humain : les lignes haute-tension sont probablement la principale cause d'interférences au Tholonet, même distantes de dizaines de kilomètres. Des fréquences sonores continues apparaissent de manière intermittente dans les captations et semblent varier en intensité et en fréquence selon la météo. Une grande partie de ces signaux sont ultra-soniques et inaudibles pour l'oreille humaine.

L'activité radio-atmosphérique est souvent plus forte la nuit et varie selon de nombreux paramètres. Le principal est le cycle de 11 ans qui régit l'intensité des éruptions solaires. Nous entrons cette année en période de maximum solaire, dont le pic aura lieu en 2025, raison pour laquelle des aurores boréales ont déjà pu être observées cette année jusqu'au sud de la France. Avec un peu de chance, le module de Forêt des Ondes permettra d'en entendre les crépitements plus musicaux.

Les pistes n°3, 4 et 5 mixent l'ambiance du lieu (captée simultanément avec un couple de micros) avec les captations radio.

 

 

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